suite et fin
Ajustement : cas particulier du MTT (tournoi multi-tables)
En tournois multi-tables, en moyenne 10% des joueurs sont payés. Si vous êtes un fin joueur, vous serez payé dans 20% des cas, rarement davantage (ce taux de 20% est aussi celui des grands joueurs internationaux).
Statistiquement parlant, plus la probabilité de gagner est faible et plus la dispersion des résultats possibles est large. Donc plus le joueur peut accuser de pertes avant son prochain gain.
Prenons l'exemple de trois joueurs :
* un joueur médiocre qui gagne un tournoi sur 20 (=5%)
* un joueur moyen qui gagne un tournoi sur 10 (=10%)
* un joueur chevronné qui gagne un tournoi sur 5 (=20%)
Combien de tournois ces joueurs-là devront-ils attendre en moyenne avant de toucher leur prochain gain ? Voici les réponses théoriques :
* joueur médiocre : 33 tournois
* joueur moyen : 16 tournois
* joueur chevronné : 8 tournois
Maintenant, quel est le nombre de tournois à jouer qui englobent 90% des dispersions possibles ?
* joueur médiocre : 76 tournois
* joueur moyen : 37 tournois
* joueur chevronné : 18 tournois
Traduction : si vous êtes un joueur moyen, 9 fois sur 10 votre prochain gain sera encaissé au plus dans 37 tournois (et une fois sur 10 vous devrez attendre plus longtemps encore avant de toucher !). Mais même si vous êtes un joueur chevronné, 9 fois sur 10 votre prochain gain sera encaissé au plus dans 18 tournois.
Conclusion : si vous appliquez la règle du vingtième ici (5%), même si vous êtes un joueur chevronné vous risquez fort de faire sauter votre capital ! En tournoi multitable, vous devez être plus rigoureux et appliquer ces taux :
* joueur médiocre : règle du centième (1%)
* joueur moyen : règle du cinquantième (2%)
* joueur chevronné : règle du trente-troisième (3%)
Ajustement : cas particulier du S&G (tournoi sit&go)
En sit&go à une table pleine (9 ou 10 joueurs) ou shorthanded (5 ou 6 joueurs), appliquez la règle du vingtième.
Ne pensez pas que vous pouvez baissez le taux au dixième en shorthanded : les sit&go à 6 joueurs ne paient que deux joueurs alors que les sit&go à table pleine en paient trois. Donc le rapport de gain est à peu près le même dans les deux cas : environ un tiers de joueurs inscrits sont payés.
La particularité des sit&gos
Contrairement aux tournois multitables où les dernières places payées rapportent guère plus que le buy-in, la dernière place payée rapporte le double du buy-in. Par exemple, dans un sit&go à une table de 10 joueurs à $50, les prix sont les suivants :
* premier : $250
* deuxième : $150
* troisième : $100
La bonne stratégie en sit&go est donc différente de celle en multitable :
* En sit&go, un joueur avec un petit tapis peut essayer de survivre « mourant » pour atteindre la 3e place et assurer un gain double, ce qui finance deux nouvelles tentatives.
* En multitable, cet effort est sans objet car il aboutira au mieux à assurer une seule tentative de plus. Il vaut mieux alors essayer un coup aléatoire mais avec un fort effet de levier financier pour se donner une chance de poursuivre le tournoi avec un tapis étoffé, ce qui augmente notre probabilité d'atteindre les places grassement payées.
Ajustement : cas particulier du HU (tournoi heads-up ou matches)
Les matches sont passionnants et donnent lieu à des techniques spéciales. C'est aussi le cas d'un point de vue financier.
Ne choisissez que les sites qui prélèvent un « fee » inférieur ou égal à 5% du buy-in et évitez ceux qui prélèvent 10% du buy-in, qui est un prix exorbitant. Exemples :
* $30+$3 = à éviter
* $30+$1.5 = acceptable
* $50+$5 = à éviter
* $50+$2.5 = acceptable
Si votre fee vaut 5% de votre buy-in, vous consacrez 5% de vos matches au fee. Donc si vous faites 20 matches, une de vos victoires finance les fees ! C'est énorme mais il faut l'accepter. Par ailleurs, sur 20 matches :
* si vous gagnez 10 matches et en perdez 10, vous avez perdu financièrement la valeur d'un buy-in
* si vous gagnez 11 matches et en perdez 9, vous avez deux buy-ins d'avance sur l'adversaire ; l'un finance les fees et l'autre est votre gain net
* si vous gagnez 12 matches et en perdez 8, vous avez quatre buy-ins d'avance sur l'adversaire ; l'un finance les fees et les trois autres représentent votre gain net
Le paiement du fee est comme un troisième joueur, un joueur qui gagne quoi qu'il arrive 5% des mises, ne laissant que 95% des mises au gagnant des matches ! On peut dresser ce tableau de correspondances :
Taux de victoires ROI (retour sur investissement) net de fee
50% -5%
55% 0%
60% 5%
65% 10%
70% 15%
Il est difficile de dépasser le taux constant de victoires de 70%. Rendez-vous compte qu'un taux de 67% équivaut à gagner en moyenne deux matches sur trois, ce qui est déjà une prouesse !
La part de capital
Concernant maintenant la part de votre capital que vous allez allouer à vos matches, il en va autrement que pour les sit&gos. Pourquoi ? Parce que comme vous êtes deux joueurs, on peut penser que votre taux de victoires final sera d'au moins 50% (s'il est inférieur à 50%, arrêtez les matches !). Comme on l'a vu, il n'est rentable qu'à partir de 55% et monte exceptionnellement à 70%.
Or, du fait de la dispersion relative à votre taux de victoires moyen, le nombre de tournois consécutifs sans gain sera 9 fois sur 10 égal à :
* 5 pour un taux de victoire de 55%
* 4 pour un taux de victoire de 70%
Vous êtes dans la bonne mesure si vous allouez une part du capital égale au double de cette mesure, soit environ 10%, c'est-à-dire un dixième. Mais si vous préférez l'option prudence, appliquez la règle du vingtième (5%).
Vos adversaires
Les duels sont les seuls tournois de poker où vous pouvez choisir vos adversaires. Notre conseil est de ne pas vous asseoir le premier à la table. Pourquoi ? Parce que si vous le faites, vous n'avez aucune maîtrise sur votre adversaire, qui peut être un joueur que vous savez redoutable.
Il vaut mieux choisir une table où se trouve déjà un joueur en attente d'un adversaire, ce qui vous permet d'identifier ce joueur au cas où vous auriez des informations sur eux (notes). Si vous ne le connaissez pas, vous pouvez toujours interroger une base de données en ligne (SharkScope par exemple) pour en savoir plus. Cela vous permet de refuser le match contre les joueurs que vous savez plus forts que vous, au profit de matches contre des joueurs que vous savez plus faciles à battre.
Ajustement : cas particulier du cash-games
En cash-games, le principe est simple : tant que vous avez un avantage tactique sur vos adversaires (edge), c'est-à-dire tant que vous jouez mieux qu'eux, vous n'avez pas de raison de quitter la table car celle-ci est une vache à lait. La seule raison peut être une contrainte horaire ou physique. Mais aucunement stratégique.
De cela découlent trois choses :
* une table peut être choisie quand elle comporte une majorité de joueurs sur lesquels nous savons que nous possédons un avantage tactique, ce qui fait de cette table une vache à lait ; ce peut aussi être une table extrêmement large (en table pleine de THNL, avec un taux de vision du flop supérieur à 35% environ), ou inversement, une table extrêmement serrée (taux inférieur à 25%)
* si une table rentable perd de son intérêt suite à des changements successifs de joueurs, quittez-là car vous n'avez aucune raison de rester sur une table qui vous coûte à la longue
* si une table n'est pas rentable à un moment donné, elle peut le devenir plus tard, suite à des changements successifs de joueurs ; pensez alors à l'intégrer.
La gestion par objectifs
En cash-games, se donner des limites est essentiel pour des joueurs moyens ou qui démarrent, mais cela peut devenir handicapant ensuite.
Il apparaît que, quand un joueur sans grande expérience a une session perdante, il a presque toujours été gagnant à un certain moment. Pour éviter cette frustration, le joueur peut s'imposer des limites :
* quitter la table dès qu'un certain gain est atteint pour éviter la rechute ensuite
* quitter la table dès qu'une certaine perte est atteinte pour éviter la spirale de perte et la recherche du rattrapage, toujours dangereuse et tiltante.
Les objectifs les plus simples sont égaux au buy-in :
* dès qu'on a doublé son buy-in, on quitte la table et on a accompli sa mission
* dès qu'on a perdu son buy-in, on arrête là les frais et on quitte la table
Il peut avoir d'autres mesures, comme :
* gain 200% et perte 100%
* gain 100% et perte 50%, etc.
D'une manière générale, éviter d'avoir un objectif de perte plus large que l'objectif de gain. Cela permettra de compenser deux pertes avec un seul gain, et non l'inverse.
Cette gestion par objectifs est un pis-aller qui convient aux joueurs dont l'expérience n'est pas assez importante pour juger si une table est une vache à lait ou non. Quand ils auront assez joué pour acquérir cette expérience, il sauront d'eux-mêmes qualifier leur table et savoir s'ils ont un « edge » ou non sur elle.
En-dehors de ces éléments et à moins d'être un joueur médiocre qui doit impérativement laisser tomber le poker, la règle des 20% doit aussi être appliquée en cash-games.
Repères chiffrés
Tableau des parts minimales de capital à jouer par session. En colonne de droite, à titre d'exemple, le montant unitaire pour un capital de 1.000 euros :
Tournoi multitable - joueur médiocre 1% 10
Tournoi multitable - joueur moyen 2% 20
Tournoi multitable - joueur chevronné 3% 30
Tournoi sit&go 5% 50
Heads-up - prudent 5% 50
Heads-up - normal 10% 100
Cash game 5% 50
Tableau des ROI jugés « standards » (retours sur investissement) :
Tournoi multitable 21 à 50%
Tournoi sit&go 6 à 10%
Heads-up 6 à 10%
Cash game 11 à 20%
salut et banzai